A un bout, il y a Notre-Dame. C'est une église. Une grosse. A l'autre bout, il y a la Mosquée. C'est une mosquée. Pas mal non plus. Entre les deux, il y a moi. Notre-Dame, c'est austère. Il y a bien, au pied, l'humble Saint-Julien-le-Pauvre et son plus vieux-arbre-de-Paris, mais, à l'autre bout, les jardins de la Mosquée, ça, oui, ça vous rafraîchit l'âme. J'aime parler mammouths et autres ossements dans les jardins de la Mosquée avec Pascal Tassy qui élève ses petites bêtes de l'autre côté de la rue, dans les casernes du Muséum. En buvant le thé à la menthe, nous sommes deux abstinents. Ils m'ont baptisé catholique («Les salauds !» ajoutait Choron). Mon papa était né plus au sud que ma maman. Serait-il né encore plus au sud, ils me baptisaient musulman. Ce sont les hasards et les aléas, comme disent les gens instruits. Si bien que, au terme normal de ma croissance, au lieu de devenir athée non musulman, je suis devenu athée non catholique. C'est bien que je sois devenu athée. Autrement je veux dire si j'avais continué de croire au père Noël , mon coeur balancerait douloureusement entre ces deux paroxysmes extrêmes : la Notre-Dame à Hugo Victor (j'avais 10 ans) et la mosquée des Mille et Une Nuits (j'en avais 14). J'ignore ce qu'on fait dans la Mosquée. Je sais ce qu'on fait dans Notre-Dame. Au vrai, je soupçonne que, dans la Mosquée, on y fait un peu la même chose sauf qu'on le fait à quatre pattes, me suis-je laissé dire. De la Mosquée, je ne connai
Portrait
Les jardins de la Mosquée
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par François CAVANNA
publié le 7 février 2007 à 5h54
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