De son ancienne vie, Cindy Sheehan, a gardé le physique banal de la soccer mom, femme blonde de 49 ans, silhouette solide, coiffure quelconque, jean et baskets, un coeur doré en sautoir. La même Américaine qu'on rencontre au Wal-Mart, à l'église, à la sortie de l'école. Elle parle d'une voix douce, un peu haut perchée, et sourit de temps en temps. Quand elle dit au revoir, elle prend votre main dans les deux siennes.
Mais sous l'image, sous cette enveloppe stéréotypée, tout a changé. Cindy Sheehan s'est découverte une autre, c'est-à-dire qu'elle s'est découverte elle-même. Elle était, dit-elle, «une femme ignorante de Vacaville», bourgade de Californie : employée de la paroisse catholique de St Mary, mariée à un représentant de commerce, mère de quatre enfants, vaguement démocrate. Juste après le 11 Septembre, elle avait même admiré, comme la plupart des Américains, le calme et l'autorité affichée par Bush. Devenue une pasionaria de la gauche antiguerre, elle vomit aujourd'hui le complexe militaro-industriel, son ancienne église, «misogyne et superstitieuse», le patriotisme elle se déclare «matriote» , les médias tenus par l'argent... Quant au Président, elle ne peut prononcer son nom sans une haine pure et froide comme la neige. Cindy Sheehan était une femme anonyme, c'est une icône universelle. Et, bien sûr, elle a divorcé.
Ce qui sépare l'avant de l'après, c'est la mort de son fils, Casey Sheehan. Un soldat de 24 ans, tué le 4 avril 2004 dans