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Le Portrait

Pap Ndiaye, noir sur le tard

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41 ans, historien. De père sénégalais et de mère française, cet intellectuel se dit universaliste mais préconise que désormais les Noirs se comptent et s’organisent.
publié le 24 février 2007 à 6h17
(mis à jour le 24 février 2007 à 6h17)

Quand il observe les éternels embouteillages sur le boulevard de la Chapelle à Paris, il s’amuse à repérer la voiture qui bloque les autres. Pap Ndiaye se sert de la fenêtre de son appartement comme d’un observatoire du monde social. Il peut disserter longuement sur les convulsions de la ville dont on n’entend qu’une rumeur derrière le double vitrage, sur les transports publics, sur l’urbanisme haussmannien. Il en parle du haut de son cinquième étage, avec la précision et le recul qui siéent à un universitaire.

En revanche, une question sur la gare du Nord, dont il aperçoit au loin les quais illuminés, le fait d'un coup changer de ton. Cet homme qui s'exprime d'une voix douce, toujours égale, pousse un cri : «Ah oui!» Oui, dans ce grand noeud ferroviaire et humain, il a été arrêté par la police. Oui, il s'agissait de «contrôles au faciès». Il s'empresse de dédramatiser l'incident : «Enfin, ça m'est arrivé deux fois dans ma vie, il ne faut pas exagérer non plus.»

L'intellectuel reprend le dessus. Il ramène son cas à une statistique et cite le récent sondage commandé par le Cran, le Conseil représentatif des associations noires, dont il se proclame «compagnon de route» : les Noirs de France interrogés par la Sofres fin janvier disent avoir été contrôlés 2,2 fois en moyenne au cours des douze derniers mois. Un taux «non négligeable», conclut Pap Ndiaye avec ce penchant pour la litote. Pour mesurer les «phénomènes de discrimination», il es

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