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Libération
Portrait

Toujours tartan

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publié le 2 mars 2007 à 6h24

C'est une voix qui résonne dans les stades depuis quarante-cinq ans. «On fait une séance de merde.» A La Seyne-sur-Mer (Var), un mercredi de février, Jacques Piasenta grogne en voyant ses deux athlètes à la peine. La sprinteuse Muriel Hurtis sort d'une grippe. La hurdleuse (coureuse de haies) Reina-Flor Okori semble couver un truc. Finalement, seule Okori portera, ce week-end, les couleurs françaises lors des championnats d'Europe en salle, à Birmingham en Angleterre. Hurtis restera à la maison. A 65 ans, «Pia», l'entraîneur bougon de l'athlé français, le coach le plus titré, celui qui a mené Marie-José Pérec à l'or olympique et Christine Arron au record d'Europe du 100 m, est retraité mais pas retiré.

Il avait promis à sa femme, l'athlète Michèle Chardonnet, qu'ils fileraient vivre le reste de leur âge dans le Var. Après une vie de tartan, le coach a tenu sa promesse. C'était en 2000. Une partie de l'athlé français avait vu sans déplaisir ce «caractériel» quitter la scène. Ceux qui le connaissent n'avaient pas cru à une disparition. «Il est trop viscéralement attaché au sport pour s'en passer», dit Philippe Tourret, ex-hurdler et élève de Pia. Le vieux coach a continué avec Hurtis, délocalisée dans le Sud. Il a aussi pris la décision de s'occuper d'Okori, presque à contrecoeur à l'en croire : «Parce que Muriel a besoin de quelqu'un de jeune avec elle. Moi, je suis un vieux con.» Il dit avoir refusé plusieurs candidats, mais a accepté d'«apprendre à co