«Qui connaît Monsieur Besson ?» De plus en plus de monde, au train où vont les choses. Y compris, sans doute, les ouvrières de la Somme à qui Ségolène Royal avait lancé cette phrase , manière de dire : un type a démissionné du secrétariat national du PS pour des histoires internes, on ne va tout de même pas en faire un plat. L'affaire aurait pu en rester là. Mais les «raisons personnelles» que «Monsieur Besson» avait invoquées pour justifier son départ sans avoir à l'expliquer ont trouvé des traducteurs dans l'entourage de la candidate. «La vie privée d'Eric Besson est un naufrage, il a pété les plombs», ont-ils déchiffré en substance. Ces gentillesses parviennent aux oreilles de l'intéressé, qui, ulcéré, décide illico d'ouvrir le lance-torpilles. Tube n° 1 : départ du PS pour couper les derniers ponts. Tube n° 2 : conférence de presse pour dénoncer les dérives du parti. Tube n° 3 : parution la semaine dernière d'un livre d'entretiens rédigé ventre à terre pour développer cet impératif : «Ségolène Royal ne doit pas devenir présidente de la République.» Le porte-avions Ségolène n'a guère tangué, mais le kamikaze a réussi un suicide politique sans précédent.
Un petit bureau chez Grasset, son éditeur. Patient, courtois, Eric Besson est prêt à argumenter sur chaque minute d'un parcours politique entamé en 1993. Les convictions, l'ascension, les doutes, la rupture, le déballage, car «on ne touche pas à ma famille». Il était