Elle a baladé pendant trois ans sa placidité et ses chouquettes sur les écrans de nos vendredis soirs, blonde et ronde héroïne d'une de ces séries qui donnent à la télé le goût délicieux et agaçant des retrouvailles familiales. Elle se nommait alors Eloïse Rome, menait ses enquêtes de police avec le sérieux et le moelleux d'une mamma italienne, et l'on ne doutait pas qu'il en serait ainsi pour la vie entière. Et puis, un soir, le mois dernier, elle est apparue à la cérémonie des césars, brune, amincie, hiératique dans une robe de mousseline bleu turquoise, nommée pour le césar du meilleur second rôle dans Quand j'étais chanteur de Xavier Giannoli, aux côtés de Gérard Depardieu. Que s'était-il passé ? Où était passée Eloïse Rome ?
Christine Citti l'admet en soupirant, un peu lasse d'être toujours ramenée à cette femme qui ne lui ressemble plus. «Le problème, quand on joue un personnage comme celui-là, c'est qu'on finit par faire toujours la même chose, on perd peu à peu le plaisir d'être acteur. Il y a quatre ans, malgré tout le confort que cette série m'apportait, j'ai décidé d'arrêter. Trois jours après, je courais chez le coiffeur pour reprendre ma couleur naturelle... Je n'avais pas mesuré alors le temps qu'il faudrait pour faire oublier ce rôle.»
Après le Giannoli, dans lequel elle campe encore un personnage de femme «maternante», elle explose aujourd'hui dans Suzanne, magnifique film de Viviane Candas sur l'amour et le désir des hommes quand ils v