C'est comme si l'exposition télé en faisait un chevalier à la triste figure. Regard désarçonné, présence mal assurée, envie de ne pas déranger. Et une façon de s'abstraire du débat, quand l'écran exige au contraire l'aplomb des jean-foutre, la gaieté des plaisantins et le frétillement des vif-argent. Hors champ, Marc Lévy s'éloigne de cette image tremblée qui ne l'a pas empêché de devenir l'un des plus gros vendeurs de livres de la place. Il en est à 9 millions d'exemplaires pour ses six premiers ouvrages, aux romances très en phase avec les foules sentimentales avides d'idéal. Dans sa dernière livraison, s'il change de thème et évoque la résistance paternelle, le premier tirage (400 000) reste de la même eau.
En chair et en os, Marc Lévy n'a plus rien de ce petit chose envapé dans sa mélancolie qu'on avait cru distinguer. D'abord, il est de haute taille et de bon gabarit. Pas vraiment troisième ligne de rugby pour calendrier particulier, plutôt gentleman farmer à la prestance en velours côtelé, à l'abondance en laine peignée. Il a ce côté enveloppant qui plaît aux dames, et qui fait vaguement penser à Philippe Noiret sans l'onctuosité bien cirée, à Jean Rochefort sans les hennissements à moustache. Surtout, il aime raconter. Des anecdotes, des souvenirs. Des histoires qui sont arrivées, et pas qu'à lui.
Il était un gamin «horriblement timide», qui se taisait pour masquer son zozotement. Elève médiocre, il a découvert le pouvoir de la parole petit à petit. En six