On nous avait promis un cow-boy. Un vrai. Mutique, athlétique, blindé de testostérone et du genre taiseux. Avec santiags et Stetson, à l’âme solitaire et étrangement solidaire d’une terre dont il a fini par se faire le justicier. Evidemment, il crèche dans un ranch, à une heure en pick-up du premier cinéma, paumé au beau milieu des prairies déroulant jusqu’à l’infini du Dakota-du-Sud. C’est là qu’il trime. Cravachant comme un brave pour ressusciter une terre hirsute et crevarde, mise à sac par les colons, décimée de ses Indiens, éradiquée de ses hordes de bisons. Une terre que l’humain a cru juteux de transformer en usine à gaver les viandards par l’élevage intensif de bovins. Dan O’Brien était un de ceux-là. Un éleveur qui ne se posait pas trop de questions jusque dans les années 80, où la banqueroute en a subitement fait déguerpir plus d’un. Seize ans après, ce gardien de vaches a converti son ranch à l’élevage de bisons pour rétablir l’écosystème d’une verdure originelle et nourricière, jaunie comme il dit par «un siècle d’hérésie humaine». De sa lente rédemption, il a fait un livre inscrit dans la veine d’une littérature nature, pointant du doigt le paradoxe américain, exaltant les grands espaces, le mode de vie alternatif et le devenir écolo. On le retrouve dans son petit hôtel désuet du Ve arrondissement parisien. Son autobiographie, les Bisons du cœur brisé, vendue à 160 000 exemplaires, est son septième bouquin. «La lecture m’a permis de tenir le coup et l’écritur
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