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L'enfant mort et meurtrier

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publié le 6 août 2007 à 9h04

Depuis ses 43 ans, Chantal Maupin ne fête plus jamais son anniversaire car son fils aîné le lui a «volé». Ce 4 octobre 1994, Audry a tué un chauffeur de taxi noir et trois gardiens de la paix, place de la Nation à Paris, jusqu'à ce que les balles policières ne l'arrêtent. «Alors, je vais lui voler son anniversaire, le 20 avril, a imaginé sa mère, mais ce n'est pas possible parce qu'il est mort.» Il n'y a pas pensé bien sûr parce qu'il n'en avait «rien à foutre des anniversaires» et arrivait un mois plus tard avec une BD, les Passagers du vent, ou un livre, le Cercle des poètes disparus. Elle, elle pense à lui à chaque fois qu'elle fouille sa bibliothèque et tombe sur ces cadeaux. Même les bougies sur les gâteaux pour ses filles âgées de 32 ans et de 18 ans, la font vaciller tels des cierges mortuaires: «Quand Lysiane a eu 22 ans, elle a commencé à dépasser son frère et pour Kelly, ce sera pareil. Audry sera toujours jeune, beau et con à la fois».

Animatrice dans un centre de loisirs et une école élémentaire, Chantal garde le silence sur sa commune, sur son nom de femme remariée et se veut méconnaissable sur la photo. «Je travaille avec des enfants, si des gens apprennent que je suis la mère d'Audry Maupin, ils risquent de me le faire payer.» Treize ans après, elle ne veut plus qu'on la «montre du doigt» ou qu'on «braque des regards» sur elle : «Ça suffit. J'ai assez pleuré.» Du coup, elle prend

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