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La désunie

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publié le 13 août 2007 à 9h09

Valérie est une voisine depuis dix ans. Et depuis cinq, elle vacille à chaque fois qu¹on vient à évoquer son ancien couple. Des larmes ont remplacé les sanglots du début, mais tout de même. De Valérie, sourd un chagrin indicible. Qui se double d¹une colère intraitable contre le père de ses enfants et contre la nouvelle compagne de celui-ci, qu¹elle connaît pourtant à peine et qui n¹est pas à l¹origine de la rupture. Pourquoi tant de peine ? Que pleures-tu donc à ce point, Valérie ? Valérie, on pensait que ce serait elle qui le quitterait. La dernière année, elle disait tellement que ça n¹allait plus, qu¹il la fuyait, que le désir n¹y était plus. Et elle en avait l¹air tellement sûre, de cette fin, qu¹elle y semblait comme préparée. Sûre d¹elle tout court d¹ailleurs, mais cette impression est liée à autre chose, c¹est vrai. A ce physique qu¹elle a. «J¹ai l¹air hautain, j¹en suis consciente», dit-elle. Mais ça n¹est pas exactement ça: pommettes bombées, grands yeux clairs effilés qui fixent volontiers, petit nez, grande bouche, carrée d¹épaules et ronde de mollets, elle relève d¹un exotisme intriguant, voire intimidant - le photographe dira qu¹ «elle a quelque chose d¹esquimau». D¹ailleurs, le père de ses enfants lui allait bien, belle gueule comme taillée à la serpe, dégaine country-rock. Et leurs deux fils blonds parachevaient le tableau de beaux bobos. Sa mise rajoute un étage à la fusée, toujours en quelque chose surannée. Ce soir-là, au Terminus Nord, c¹est une petite jup