On s'est posé à l'hôtel Costes, faute d'idée. Il commande un club sandwich, avec ketchup et chips, sirote un Coca. Il se tient assis dos droit, souriant, posture bras croisés et jambes croisées, gros plan sur les chaussettes à damiers, bleu Klein et chocolat. Cheveux noirs et taillés court. Regard de gosse, voix retenue et oeil de velours, il a des mains de pianiste, le physique élastique. Lui, c'est Farid Bendjafar, alias Cartouche. Son nom ne fait pas tilt tout de suite. Pourtant, remarqué, il l'a été, dans son one man show autobio, goupillé par Kad et Olivier. Dans ce spectacle, Marie Claude Pietragalla lui chorégraphie un numéro. De lui, ancien danseur, elle dit : «C'est un sublime mélange de force et de fragilité. Il a en lui du céleste et du terrien, c'est un homme-enfant avec une personnalité à la fois douce et très affirmée. Il est persévérant, discipliné, respectueux de l'autre, curieux de tout et à l'écoute.»
Car Cartouche, ce fut d'abord, le Billy Elliot du 9-3. Révélation, puis identification devant les danseurs des shows variété téloche signés Maritie et Gilbert Carpentier. Il a 8 ans quand il pousse les portes du conservatoire du Raincy. Au culot, il s'invite à la barre, s'essaie aux pointes, seul garçon, «faisant tache en survêtement», au milieu des tutus rose dragée. Et pendant douze ans, de son secret, de la danse, ne pipera mot à qui que ce soit. Cartouche vient de publier l'histoire de Farid Bendjafar. Il a le sens de l'image et le mélo pas si