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Libération
Portrait

Plein pot

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publié le 9 janvier 2008 à 1h52

Impression que ça usine sans cesse, sentiment que ça turbine en permanence. Hervé Di Rosa a de la peinture au bout des doigts, des taches blanches sur le pantalon et des espadrilles assez savates qui font la navette entre les deux espaces de son atelier-maison.

Un loft à Barbès où cet admirateur de Nicolas Bouvier vient de poser ses bagages d'éternel voyageur. Un rez-de-chaussée où se télescopent les jouets de ses jumelles et les derniers éléments de ses myriades de collections. Précision nécessaire du rassembleur compulsif : «Les filles savent qu'on ne doit pas toucher aux "jouets" de papa.» Plus loin, un sous-sol où s'alignent les tableaux en cours, comme les carlingues colorées d'un Stakhanov rallié au fordisme.

Di Rosa est «graffomane» comme d'autres sont graphomanes. Personnages exagérés et reconnaissables à leur gros nez. Tons stridents. Représentations explicites. Scènes du quotidien agressif, amusant ou amoureux. Clins d'oeil à la BD, aux affichistes, aux primitifs. Refus de l'abstraction, retour à la narration. Hervé Di Rosa est l'un des acteurs majeurs du mouvement de la figuration libre. Début des années 80, il a 20 ans quand il déboule. Il aime le rock, s'imagine punk, a surtout envie de tout bousculer. Jean Seisser, son biographe et assistant, décrit (1) ainsi l'époque qu'il va brusquer : «L'esprit ambiant est lassé de l'esthétisme lénifiant et théorisé de support-surface, des conceptuels et des minimalistes.»

Di Rosa ne tarde pas à faire groupe avec