On pensait voir une fashionista délurée. On est ressorti une heure après avec l'impression d'avoir croisé un blindé, alliage de plomb dans la tête et de mental d'acier. Joli, le blindé. Soigné, aussi (pull-robe sur leggings noirs, bonnet en laine, bottes de pluie camouflage). Mais solide, surtout. A notre décharge, Tatiana Golovin, 13e joueuse mondiale qui file vers le top 10, a un talent certain pour détourner l'attention de l'essentiel. A 16 ans, déjà pro, elle jouait les lolitas des courts, portait des shorts de peu de tissu, et disait : «Si je ne porte pas ça à 16 ans, je ne le porterai jamais.» En juillet, à Wimbledon, où il est de bon ton de ne porter que du blanc, elle a contourné les convenances par (les) dessous en arborant de flamboyantes culottes rouges. Lors des conférences de presse, les journalistes ne parlaient que de ça. A celui qui s'étonnait de ne pas avoir vu l'objet du délit, elle avait fait piquer un fard : «Vous ne l'avez pas vue ? Alors, c'est que vous ne regardez pas bien. Et puis il y avait du vent, aujourd'hui, vous aviez tout pour la voir.»
On l'a croisée en décembre, le mois off du tennis. Elle revenait de Miami, où elle habite depuis deux ans, et où elle a passé une grosse semaine avec sa soeur Olga. «J'ai décompressé, j'ai fait ce que je ne peux pas faire sur le circuit. Des grands dîners à la russe, de la super cuisine. On a regardé des piles de DVD, Austin Powers en VO parce que les vannes sont plus drôles