C'est vrai qu'il a une drôle de tête avec ses cheveux si blonds, si longs, et ses immenses yeux bleus. Un costaud dont le physique atypique (rocker sur le retour ? Petit frère de Buffalo Bill ?) a parfois renforcé dans l'opinion, l'image sulfureuse de ceux qu'on a taxé de «zozos de l'humanitaire».
Dans la vraie vie, sans l'effet loupe de la télé, Alain Péligat a d'abord l'air d'un gars ordinaire, discret. Mais depuis une semaine, ce fils d'un ingénieur militaire, grandi dans le Jura, est souvent devant les caméras. Cet enseignant de 56 ans au look de baroudeur a fait partie de l'équipée sauvage de l'Arche de Zoé : ces humanitaires qui se sont fait prendre au Tchad avec 103 enfants, orphelins supposés du Darfour en guerre. Eric Breteau, le chef de l'expédition, et cinq de ses compagnons, dont Alain Péligat, seront emprisonnés et jugés à N'Djamena. Puis transférés en France et enfin graciés par le président tchadien. Reste à faire face à la justice française. Alain Péligat a été le premier mis en examen. Il ne peut désormais plus parler aux autres membres de l'équipe.
En attendant, il est libre. Il est de retour chez lui, à Mourmelon-le-Grand, gros village monotone de la Marne, posé sur le bord de la nationale, entre plaines infinies et pylônes électriques. Bien loin du Tchad. Mais redécouvrir la liberté ne lui suffit pas. Comme Breteau, Péligat veut lui aussi donner sa version des faits et, un jour peut-être, «faire annuler cette mascarade de procès tchadien», exp