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Portrait

Maoschisme

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Morgan Sportès Quarante ans après, cet écrivain tempétueux et bruyant règle ses comptes avec les maos de 1968, et proclame sa nostalgie du gaullo- communisme.
publié le 13 mai 2008 à 3h26
(mis à jour le 13 mai 2008 à 3h26)

A 60 ans tout rond, il jette un regard inquiet par-dessus son épaule. Son ticket de dragueur est devenu moyennement valable, «au moins avec les filles de 20 ans». Le corps se relâche, l'embonpoint gagne, et les souvenirs se pointent sans convocation. Morgan Sportès : le nom est (un peu) connu parce qu'il sonne bien - prononcer «morganne sportesse» - et que celui qui le porte a commis une quinzaine de romans, dont certains ont fait d'honnêtes succès. Pied-noir exubérant, excessif et bruyant, l'auteur s'est aussi taillé une réputation d'emmerdeur dans le monde de l'édition.

Son dernier roman n'en est pas un, même si Grasset affirme le contraire en couverture. Ils ont tué Pierre Overney est un pur «doc» qui retrace l'enchaînement implacable des événements qui ont abouti, le 25 février 1972, au meurtre de l'ouvrier maoïste Overney par le vigile de Renault Jean-Antoine Tramoni. «Ils», ce sont des intellectuels et les dirigeants de la Gauche prolétarienne (GP) : Sartre, Sollers, Glucksmann, Benny Lévy, Geismar, July, etc. «Ils» sont accusés d'avoir entraîné Overney et des dizaines d'autres petits soldats dans une lutte suicidaire, puis de les avoir abandonnés à leur sort de prolos après la dissolution de la GP en 1973. «Ils» auraient du sang sur les mains.

Morgan Sportès a creusé son sujet pendant quatre ans, en a fait un roman (Maos) et revient à la charge avec un ouvrage violent où perce un fort ressentiment. Pourquoi ? D'où Sp

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