C'était un samedi, le 9 février, il était à un mariage à Marseille. Un ami, un «frère», est venu lui donner l'info : le fils d'untel s'était fait tuer. «Il m'a dit :"Il s'est fait tabasser dans une cave, aux Iris, il a été battu à mort."» Kassim Papa a vécu plus de dix ans dans cette cité des quartiers Nord, il en connaît tous les enfants pour y avoir enseigné à l'école coranique. Et les parents de la victime - Taoufiki Mohamadi, 19 ans - sont des notables d'Itsandra, sa région d'origine, aux Comores.
Mais ce n'est pas pour ça que Kassim Papa est entré en révolte. Dès le lendemain, les détails de la mise à mort de Taoufiki circulent. Le meurtre - une punition qui vire à la torture - serait lié au trafic de stupéfiants. «Il s'est fait tuer dans des conditions barbares, s'indigne-t-il. Un jour, en jouant au ballon, j'ai eu une côte fêlée. La douleur que j'ai ressentie. Vous imaginez un gamin de 19 ans, toutes les côtes cassées !» Les Iris, ce sont six bâtiments à peine, tous ses souvenirs d'enfance : «L'été, on descendait avec les chaises pour discuter. Si, dans cette cité que moi je qualifie de tranquille, il arrive une chose aussi horrible, c'est qu'on part complètement en biberine !» D'où cet élan spontané, presque irréfléchi : «Il faut qu'il y ait des gens qui disent stop.»
Quarante-huit heures après le drame, il est à l'initiative d'un collectif de soutien à la famille. Une dizaine de personnes répondent présents. Kassim Papa est un