Une entrevue avec les deux créateurs de la Cogip-participations, ça ne s'improvise pas. Il faut âprement négocier un rendez-vous au milieu d'un planning surchargé de réunions «Avenir et bordereau» et «Progiciel et convivialité», se mettre au jour de la récente fusion avec les Hollandais et ne pas oublier d'imprimer son badge visiteur à présenter à l'entrée. Sauf que la Cogip, en vrai, n'existe pas. Cette entreprise fictive possède bien son site web, a inspiré des heures de programmes de télévision et plusieurs DVD, mais elle n'est que le produit de l'imagination délirante de deux doux dingues qui ont fait de la subversion de la culture d'entreprise par le rire une inépuisable source d'inspiration.
Loin de la Défense, la multinationale pour de rire de Nicolas & Bruno a établi son siège social dans une chambre de bonne au sixième étage sans ascenseur d'un immeuble du IXe arrondissement parisien. C'est là que ces deux grands malades du management par l'absurde créent de toutes pièces un univers professionnel plus vrai que nature, devenu le cadre de la Personne aux deux personnes, leur premier long métrage (lire page 27). Une «comédie du réel» dans laquelle les «garçons», comme les appelle leur producteur et mentor Alain Chabat, retracent la misérable destinée du comptable Jean-Christian Ranu (Daniel Auteuil), revigoré par l'irruption dans sa vie de Gilles Gabriel (Chabat), gloire déchue de la variété années 80. Herbert Léonard au service du «fonds de rouleme