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Portrait

Leur voie sociale

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publié le 14 juillet 2008 à 4h17

Il a le nom d'un tueur, rêvait d'être flic et s'est retrouvé «clodologue». Patrick Henry aime le sinueux, et déteste les directs. Il y a trois hivers, il en a pris deux, en pleine figure. Une brute en voiture, qui avait heurté son vélo, l'a ensuite aligné, lui mettant l'oeil au beurre noir et lui éclatant le nez. Il ne s'est pas battu. Quand sa plainte a abouti, il a refusé de rencontrer l'agresseur. «On m'a demandé de le faire pour restaurer le lien social. Le lien social, je travaille depuis vingt ans à le restaurer. Là, j'ai dit non.». La vraie raison ? «Tout cela réveille en moi des sentiments de mépris et de haine. Je déteste les éprouver.»

Henry est arrivé à la RATP en 1992. Sa mission : organiser pour ceux qu'en interne on appelle les «indésirables», SDF et autres squatters, un accueil digne. Il a fait une nécessaire (et douloureuse) purge parmi les agents de surveillance, a exigé pour eux une formation, les transformant sinon en assistantes sociales, du moins en intermédiaires entre le sous-terre et la surface. «Ils nous ont bousculés, lui et sa femme, raconte Daniel Ingrassia, aujourd'hui son adjoint. On a été plus que surpris. Mais au bout du compte, ils ont changé notre regard.» Depuis, toutes les nuits, des hommes tournent dans les couloirs du métro, proposant à ceux qu'ils rencontrent un hébergement, un lien avec des services sociaux. Volonté de la RATP de «nettoyer» ses souterrains ? Bien sûr. Mais aussi obligation de le faire désorma

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