Il a une petite gueule d'ange. Un côté enfantin. Il a grandi dans le mythe des légendes. Et a su se créer une identité bizarroïde à consonance manga. Dix années bien tapées qu'Ora Ito, le designer parisien, coqueluche des journaux, pixellisé sous toutes les coutures, chahute les coins carrés pour les repenser arrondis. Rompu à l'exercice de la médiatisation marketing, «professionnel de tout et de rien à la fois», celui qui se préfère «créateur plutôt que designer» ne lasse toujours pas.
Il porte un polo bleu nuit tissé fin sur un jean délavé et rehausse son mètre soixante et onze avec des boots noires à talons, obligé depuis qu'il s'est pété le pied. A son poignet il a la Santos de Cartier, «modèle old school» évidemment, car l'option diam's fait Porsche Cayenne de charcutier traiteur enrichi. Hâlé doré abonnement TGV-Méditerranée, il a le cheveu taillé court et vénitien, les épis travaillés, la pupille ironique, l'iris métallique. C'est le regard qui, chez lui, frappe en premier. Hautain et goguenard. A l'identique d'une vendeuse de prêt-à-porter griffé, condescendante et amusée de voir sa cliente en apnée, nombril incurvé pour caler l'embonpoint de son tour de taille dans futal slim mais bien soldé.
Ora Ito a un côté Narcisse, on l'aura vite deviné, assez musclé. On le dit égocentrique, ce qu'il a plus de mal à assumer. Son sourire plus sincère que factice plaît à la fois aux filles et aux garçons. Lui l'hétéro, ce qui lui plaît, oscille entre souci du déta