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Photos, vos papiers !

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publié le 6 août 2008 à 4h32

Chaque jour, c'est le même scénario : à l'heure du déjeuner, Fabien Breuvart ferme son échoppe, rue Charlot, dans le IIIe arrondissement de Paris. Et va poser son trépied à quelques pas, devant les locaux de la Bourse du travail, occupés depuis début mai par la Coordination 75 des sans-papiers. Bientôt quatre mois qu'il fige, sur Polaroid, les «sans» et les «avec» qui posent pour les soutenir. Chaque double portrait est ensuite consciencieusement numéroté, collé dans de gros albums et placardé sur les murs de la rue Charlot.

Dans sa boutique, Fabien Breuvart est un photographe de quartier, comme on en voit de moins en moins. Portraitiste mais aussi antiquaire de l'image. Le cheveu est gris et épais, la silhouette longiligne. A 46 ans, il vit seul dans un appartement, rue de Saintonge, et passe régulièrement devant le bâtiment occupé. «Il fallait que je le fasse», dit-il simplement. Il s'est lancé dans ce projet intitulé «Vas-y, montre ta carte», dès qu'il a découvert ce qui se passait à la Bourse du travail.«Il fallait que je le fasse» A l'entendre, c'est un «acte civique», rien de plus, facilité par sa relation avec Anzoumane Sissoko, le leader de la Coordination 75.

Entre eux, l'histoire commence il y a cinq ans au marché des Enfants rouges, dans le même quartier. Sissoko nettoie tous les jours les allées. A l'époque, Breuvart y tient un stand où il propose tirages chinés chez les brocanteurs et vieux appareils argentiques. C'est leur amitié qu