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Cas de résistance

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publié le 19 août 2008 à 4h39

Il sait que l'urbanisme le dévorera. Que, sur le papier, des architectes chics ont déjà gommé sa paillote d'un trait de crayon. Il sait qu'ici, dans quelques années, la ville nouvelle se dessinera sans lui.

Elle se dessinera sans frites grasses. Sans chaises en plastoc. Sans rosé qui pique. A la place de la paillote de bric et de broc de Francis, il y aura le quartier que politiques et urbanistes ont pensé comme la future figure de proue de Lyon. Un quartier où il n'y aura pas de place pour le vide, à moins d'être conceptualisé par un paysagiste en vogue. Et encore moins de place pour un type comme Francis, qui se fout de savoir si ses cuisines sont aux normes, si la cuisine est diététique, si la terrasse est design.

Francis et sa paillote sont une sorte d'îlot de résistance au bon goût urbain. Une heureuse et curieuse respiration au milieu du béton de bon ton. Comme une petite goutte d'huile de friture qui formerait une tache pas facile à ravoir. D'autant plus coriace à la pression immobilière et politique que la paillote «à» Francis (à ne pas confondre avec sa célèbre homologue corse) est devenue en quelques années un repère pour citadins en mal d'authentiques sensations.

Lorsque Francis a posé sa première caravane au Confluent en 1997, il n'y avait rien. Les projets concernant ce bout de terre tout au bout de Lyon dormaient dans les tiroirs des commissions d'urbanisme depuis vingt ans. Francis n'en avait jamais entendu parler. Du Confluent, pointe naturelle où se rejoignent