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Libération
Portrait

Micha échaudé

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Mikhaïl Saakachvili Le jeune président géorgien, 40 ans, affronte la Russie en tablant sur le soutien des Etats-Unis et de l’Europe, où il fit ses études.
publié le 5 septembre 2008 à 4h53

Asa place, d’autres seraient déjà sonnés. Mikhaïl Saakachvili, non. «C’est dans les moments de crise qu’il fonctionne le mieux comme leader. Il se bat. Tous les jours, tout le temps. Il travaille à 200 %.» C’est ce que dit sa femme, Sandra Roelofs, l’ancienne étudiante néerlandaise rencontrée à Strasbourg en 1993, dans un cours de droit humanitaire, et devenue la première dame de Géorgie. Alors que les chars russes sont à 70 kilomètres à peine de la capitale, dans son palais présidentiel flambant neuf qui surplombe Tbilissi, Mikhaïl Saakachvili prend le temps de recevoir tous ceux qui veulent le rencontrer. Il égrène les interviews jusque tard dans la nuit comme au beau temps de la révolution des Roses qui, à coups de manifs et de diatribes enflammées, ébranla le pouvoir chancelant de l’ex-apparatchik soviétique Edouard Chevardnadze, pris en flagrant délit de fraude électorale.

Quatre ans et demi plus tard, Saakachvili est resté un homme de communication. La cravate rose bien en évidence, le géant d'1,95 mètre laisse une étrange impression d'assurance mêlée de naïveté. Peut-être parce qu'il est engoncé dans un costume étriqué. «Quand il est nerveux, il mange, et quand il mange, il grossit», ironise Levan Berdzenichvili, un de ses anciens alliés passé dans l'opposition. Peut-être le Président sait-il tout simplement qu'il a intérêt à se montrer modeste s'il veut faire passer sa version du conflit. Celle qui affirme que la Géorgie n'a pas eu l'initiative des