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Libération
Portrait

Piraté

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publié le 16 septembre 2008 à 5h02

Il arrive de Malte. Débarque du Ponant où il a repris ses fonctions sans attendre, comme un cavalier remonte en selle pour éviter que la mémoire de la chute ne fissure sa routine. La prise d'otages à bord du voilier de luxe en avril s'est bien terminée. Ni disparition au sein de l'équipage, ni naufrage du bâtiment, juste une coquette rançon récupérée pour partie par les hélicos du GIGN. Au coeur de l'affrontement avec les pirates, punching-ball malin lors des tractations entre les Somalis et l'armateur, dernier à enjamber le bastingage comme le veulent la tradition et l'honneur, Patrick Marchesseau aurait pu aspirer à de grandes vacances réparatrices. Si ce n'est sombrer dans une déprime avec interrogations existentielles à la clé. Mais, fissa, le commandant a retrouvé son bord sans transiter par un classique sas de décompression.

A Paris, ce jour-là, il s'est évité la tenue d'apparat, casquette à «fromage blanc» et veste à galons dorés, un peu capitaine Troy, un peu Tant qu'il y aura des hommes, son lot lors des dîners en haute mer. Il ne se la raconte pas plus polaire saumurée de skipper océanique et bottes avachies de cap-hornier, même s'il est d'une génération qui tient Tabarly pour «le "monsieur" de la mer». Il porte un tee-shirt aux armes de son bateau, où le floqueur indien a mis un «l» à «équipage». Il accompagne ça d'un bermuda où seule la couleur, entre le rose et l'ocre, renvoie aux vareuses délavées des pêcheurs. Aux pieds, des docksides bleu

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