Menu
Libération
Portrait

L'enjoliveur

Article réservé aux abonnés
publié le 23 septembre 2008 à 22h25

Ses longues pattes de héron frôlent la moquette du palace parisien où il s'est brièvement posé. Il revient de «faire Louis Vuitton sur le lac de Côme» (entendez, la campagne de publicité). Il repart sous peu pour New York. La houppe noire de ses cheveux lissée vers l'arrière frémit légèrement tandis que sous la broussaille des sourcils, son regard mobile s'arrête sur une congénère à longues échasses posée là dans le hall. Jeune, mignonne, jaugée en une fraction de seconde. Déformation professionnelle.

Les plus belles filles ont fait la fortune de Patrick Demarchelier. Baroudeur de la mode, seigneur du papier glacé, ce gentil hétéro macho a tôt compris qu'en rendant les femmes jolies, celles-ci le lui rendraient bien. A une époque, il clamait qu'il était le photographe «le plus payé au monde». Aujourd'hui, il se ravise, non pas qu'il ait dégringolé dans le «top ten», comme il dit, mais à 65 ans, il aspire à d'autres étiquettes, moins commerciales. D'autant que le Petit Palais le célèbre en grande pompe, ce mois-ci, avec une exposition de 430 de ses photographies. Bel hommage assez inattendu à un photographe à femmes.

Qu'elles s'appellent Christy, Kate, Carla ou tutti quanti, il les habille ou les déshabille sans se prendre la tête. Basique instinct. Ses jeux n'ont pas les tréfonds d'un Bourdin ou d'un Newton. Point d'obscur objet du désir, ses eaux à lui sont couleur Caraïbes. «Certains ont besoin de créer un univers violent, vachard, conflictuel, lui, c'est un un

Les plus lus