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Libération
Portrait

Un père éperdu

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publié le 24 septembre 2008 à 22h28

Pendant longtemps, il a continué à lui laisser des messages sur la boîte vocale de son téléphone. Jusqu'au jour, tant redouté, où une voix préenregistrée lui a fait savoir que le numéro n'était plus attribué. «Birdy», comme Patrick Chesnais appelait son fils Ferdinand, s'est peut-être réellement envolé ce jour-là.

Le drame s'est déroulé trois mois avant la déconnexion du portable. Le vendredi 13 octobre 2006 à 3h19 du matin, porte d'Auteuil, à Paris. Cette nuit-là, Ferdinand Chesnais, 20 ans, revient d'une soirée un peu arrosée après une représentation de Soleil noir, pièce dans laquelle il joue tous les soirs dans un théâtre du XIe arrondissement. L'ami qui le ramène en voiture a 1,68 g d'alcool dans le sang. Ils enfilent le périphérique dans le mauvais sens en prenant la bretelle de sortie pour celle de l'entrée et se font percuter par une automobile arrivant en sens inverse: les deux conducteurs s'en sortent indemnes, Ferdinand meurt sur le coup.

Patrick Chesnais, qui entame alors la tournée de Une heure et demie de retard, une pièce de Bernard Murat dont il tient le rôle-titre, maintient les représentations. «J'avais dit que je ne pourrais peut-être pas jouer le jour de l'enterrement. Et puis je l'ai fait, dans une sorte de brouillard, aidé par les automatismes, le métier, tout ça. Sur le coup, on ne réalise pas vraiment, on est en état de choc, anesthésié.» Un mois et demi plus tard, il est contacté par les éditions Michel Lafon, intéressées p

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