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portrait

Alain Juppé. Assouplir le cuir

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Le maire UMP de Bordeaux fatigue de sa caricature d’élu «droit dans ses bottes». Mais difficile de contrarier une réserve naturelle.
publié le 23 mars 2009 à 6h53

Il n'en revient pas : le photographe lui a demandé d'éviter de sourire. Alain Juppé voulait pourtant être agréable. Lui qui déteste l'exercice a accepté de prendre la pose. Il misait sur une attitude positive, et on sent que la restriction l'énerve vaguement. Après coup, il reste ce fond de suspicion : ne chercherait-on pas une fois de plus à le réduire à sa caricature ? Il déteste cette image «tellement fabriquée, celle de l'homme qui ne sourit pas». Elle ravive son horreur des idées toutes faites, son aversion de la facilité. Exigeant avec les autres, comme avec lui-même, il attend des journalistes, qu'il n'a pourtant pas en haute estime, un peu plus d'originalité.

Il reçoit à la mairie de Bordeaux, avec cravate et boutons de manchettes, dans son bureau donnant sur les jardins. Le mobilier est sobre et fonctionnel, quelques oeuvres d'art contemporain sur les murs, un bouquet printanier. Une pièce claire, dédiée au travail, pas grand-chose de personnel, rien d'ostentatoire ni de superflu. Pas de quoi, en tout cas, battre en brèche les a priori d'austérité. S'il accepte de se livrer - un peu -, c'est qu'Alain Juppé vient de sortir un septième bouquin, intitulé Je ne mangerai plus de cerises en hiver. Le titre, assez énigmatique, fait référence aux thématiques environnementales. Mais le livre est surtout une tentative d'introspection qui balaye ses ennuis judiciaires et ses déboires politiques. Alain Juppé rappelle qu'il a souffert. Il montre ces plaies qu'il a l

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