Chevelure rouge, teint de lait et paupières noires, Adeline Toniutti s’échappe de sa voiture avec chauffeur. Le talon de sa bottine claque sur le trottoir, devant un immeuble haussmannien du VIIIe arrondissement de Paris. Sur le même soulier en cuir noir, une infime trace de boue. Sans doute une relique du parc du château de Dammarie-lès-Lys où elle vient de donner un cours de chant à ses «académiciens», émission diffusée le lendemain sur TF1. La rencontre a lieu dans l’appartement chicissime de son producteur. La communication d’Endemol, aux manettes de la Star Academy, tient à rester à ses côtés pour l’entretien, son chauffeur et sa maquilleuse aussi. «Ça la met plus à l’aise», dira la production, «je n’ai rien à cacher», appuiera la chanteuse. «C’est chiant», penserons-nous.
Elles sont deux. D’abord la diva, à l’ancienne, une de ces cantatrices sans âge qui veulent devenir icônes immortelles, malgré ses 34 ans. Elle, on l’aperçoit pendant le prime de la Star Academy ou ici, dans le grand appartement lumineux, le regard et le dos bien droits. Elle se raconte pour construire sa légende, support à un éventuel biopic. Ensuite, il y a l’autre, la gamine bardée de cicatrices, les yeux gonflés par les larmes, dont les traumas recouvrent comme d’une fine couche de poussière le mobilier flambant neuf du salon luxue