Que devient Alain Minc, aviseur parfaitement rémunéré par les rois du CAC 40 et longtemps conseiller bénévole des princes qui ne nous gouvernent plus beaucoup ? Que devient le fredonneur des constantes libérales à l’oreille des patrons qui n’en pensent pas moins et aux tympans des élus affrontant les demandes de protection d’une population qui s’estime dépossédée de sa prospérité ancienne ? Que devient cette étincelante bête médiatique dont les heures de gloire datent du temps d’Anne Sinclair, c’est-à-dire du siècle dernier, et qu’on convie moins sur les plateaux des chaînes info ? Que devient cet artiste de la réponse lapidaire qui laisse pantois les intervieweurs plus habitués à interrompre une logorrhée qu’à relancer celui qui se coupe le sifflet tel un boa constricteur étranglant tout lyrisme et préférant l’humour anglais et le brio cinglant ? Que pense de l’état des lieux actuel l’inventeur de formules comme «mondialisation heureuse» ou «cercle de la raison», raccourcis unanimement voués aux gémonies par l’accélération des angoisses occidentales et la multiplication des conflits armés ?
Alain Minc reçoit dans ses bureaux près des Champs-Elysées. Il est installé là «depuis trente-trois ans» et, à 75 ans, ne voit pas pourquoi il mettrait un terme à une activité qui le ravit. Sourcilleux quant à son indépendance et n’ayant jamais eu de talent opérationnel, Minc exerce en tout petit comité. Il emploie «deux secrétaires et un chauffeur». Car il ne