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Le portrait

Alexandra Dupont, elle pleure son verger

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La dernière habitante sur le tracé de l’autoroute A 69, entre Toulouse et Castres, a fini par quitter sa maison à regret, après avoir été la cible de menaces et d’intimidations.
Alexandra Dupont, à Verfeil (Haute Garonne), le 25 septembre. (Ulrich Lebeuf/Myop pour Libération)
publié le 1er octobre 2024 à 15h00

Quand on observe les yeux d’Alexandra Dupont, on se dit que la tristesse durera toujours. Attablée dans son gîte de Haute-Garonne, un refuge temporaire niché dans un écrin de verdure, elle pleure sa «maison du bonheur», son jardin aux airs d’Eden et toute sa vie saccagée en quelques mois. A 44 ans, elle a longtemps été la dernière locataire sur le tracé de l’A69, ce ruban de bitume ultra-contesté de 53 kilomètres, en construction entre Toulouse et Castres.

Certains l’ont appelée «l’Irréductible», d’autres «le Caillou dans la chaussure d’Atosca», le concessionnaire de l’autoroute. Tout ça lui est égal. Elle, elle se noie dans son chagrin. Pendant des mois, elle a refusé de céder face aux engins de chantier, postés à quelques mètres de chez elle. «Tout ce que j’ai exigé, c’est que l’on me reloge dans une maison équivalente.» La sienne, à Verfeil et dans laquelle elle vivait depuis 2013, faisait 360 m² avec un jardin de 8 000 m², où trois chats, deux chiens, un bouc et des poules gambadaient en liberté. «Je faisais mon potager et je mangeais des cerises cueillies dans l’arbre. C’était ça, ma vie.» Un quotidien au grand air qu’on lui a retiré, au nom du «désenclavement du territoire» et d’un gain de 20 minutes de trajet pour rejoind

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