C’est la deuxième fois que je cours pour Libé. La première, c’était en 2023 à l’EcoTrail de Paris, pour exiger la libération du journaliste Olivier Dubois, ex-otage au Mali relâché deux jours plus tard. Un type était parti la veille au soir depuis la ligne d’arrivée pour courir en sens inverse le parcours de 80 km, et prendre le départ au matin avec le reste des concurrents. Bouclant l’équivalent d’un ultratrail aux portes de la capitale. Un pied de nez aux coureurs montagnards qui regardent la plaine de haut.
Ce type, c’est Alexandre Boucheix, alias Casquette verte. Un trentenaire fièrement parisien devenu la coqueluche des traileurs urbains. Son couvre-chef trottine tous les jours dans les rues de la capitale, sur les quais, quand il rentre du boulot, ou à Montmartre pour dévorer du dénivelé. Deux ans après l’EcoTrail, le voici qui m’accueille dans son royaume du bois de Vincennes, à côté de chez lui, baskets aux pieds. Rien de mieux qu’un entretien au pas de course pour décrypter ce qu’il a sous les semelles.
Car Alexandre Boucheix est un profil atypique. «A la base, j’avais pas prévu de faire toutes ces conneries.» C’était il y a dix ans. Un collègue le pousse vers la course à pied, lui l’indécrottable fêtard qui fume clope sur clope, et préfère les kilomètres lorsqu’i