Deux raisons me poussent à faire le portrait d’Anaïs Jeanneret, une mauvaise et une bonne. La mauvaise est stridente et alléchante, voyoute et voyeuriste. La bonne, ou du moins la plus profonde, ne se découvrira qu’à la fin, à la façon d’une poupée russe, infante miniature cachée dans les cercueils des pères partis trop tôt.
D’abord mannequin et actrice, Anaïs Jeanneret est désormais écrivaine. Mais ce qui émoustille et embrume à la fois c’est qu’elle fut la compagne de Vincent Bolloré. Elle a partagé la vie du tycoon quand celui-ci n’était encore qu’un flibustier de la finance, croisant au large des élites établies qu’il brutalisait. Il n’avait pas encore mis sa fortune au service de son conservatisme, ni racheté télés, médias et maisons d’édition. Il l’invite à une projection. Elle décline. Il relance. Elle se laisse distraire du deuil qui la frappe alors. Elle dit : «Il était charmant, très gai, ça m’a fait du bien.» Elle s’attend à une passade. Ils vont vivre ensemble pendant une dizaine d’années à partir de 2004. Elle goûte au luxe de l’avion privé et du yacht qui héberge Sarkozy après son élection en 2007. A bord du Paloma, 65 mètres, elle n’est ni blanche colombe ni femme fatale pour