A peine déboule-t-elle par une porte de service, en retard et essoufflée, qu’on ne voit soudain plus qu’elle au milieu du hall bourgeois tout en tapis et boiseries austères. Bottines blanches vernies, robe azur satinée et boucles travaillées à la Reese Witherspoon dans la comédie culte la Revanche d’une blonde, Anderson Clayton sait soigner son entrée. «J’ai pris une douche ce matin et même fait un shampoing, c’est pour la France, tout de même», lâchera-t-elle un peu plus tard au photographe dans un grand éclat de rire, gentiment traumatisée par un récent portrait d’elle, un brin transpirante, publié dans la presse américaine.

Gare toutefois aux trompe-l’œil. Certes pas tout à fait indifférente à son image, la présidente du parti démocrate de Caroline du Nord verse plus dans la conviction et la substance que les apparences. Sitôt qu’elle parle, vite et beaucoup, la blonde solaire et pugnace au regard bleu se mue en animal politique avec débit de mitraillette, storytelling et punchlines à la chaîne, le tout saupoudré d’un chapelet spontané de «fuck» et «fucking» – une bonne vingtaine en une heure de conversation – baignés dans son accent traînant du Sud.

Avec le «you» anglais, on ne sait jamais, mais on jurerait que la vingtenaire a le tutoiement facile. Quelques semaines auparavant, elle a accepté en une poignée de m