Elle porte un survêtement à trois bandes, comme la sprinteuse adolescente qu’elle était. La couleur hésite entre rouge coquelicot, rouge baiser et rouge sang. On n’aurait pas imaginé que le carmin puisse être la couleur fétiche d’Anne Brochet, actrice perdue de vue devenue écrivaine à l’intimisme lunaire et au talent onirique. Le nuancier des grisés semblait mieux correspondre à cette hésitante particulière et à cette extravagante insondable approchée voici longtemps en cette même dernière page de Libé. Devant son Perrier grenadine, elle sourit sans discontinuer, disponible et enjouée sans jamais se métamorphoser en puncheuse ou en pistolera. Elle explique : «J’ai mis du temps à faire de moi un tout. Je ne vais pas me perdre à nouveau.» Sans remords, ni fierté paradoxale, elle insiste : «Mon cerveau n’est pas fait pour avoir des opinions.» Elle ajoute : «Je ne vis ni dans la vérité ni dans la réalité. Cela ne m’intéresse pas.» Elle ne vote pas et ne regarde pas les débats d’actualité en flux ni en replay. Il y a longtemps, elle a joué Roxane. Et se souvient de Depardieu qui évoluait en Cyrano transi comme d’un «partenaire merveilleux» dont elle n’a jamais eu «à supporter le moindre débordement», ce qu’elle n’aurait «pas toléré». Elle vient de dé
Le portrait
Anne Brochet, à la réflexion
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Anne Brochet, à Paris, le 14 mars 2024. (Cyril Zannettacci/VU' pour Libération)
par Luc Le Vaillant
publié le 27 mars 2024 à 16h03
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