Elle a la bougeotte. Dans son petit bureau de l’hôpital Saint-Louis à Paris, Anne-Claude Crémieux, grande spécialiste des épidémies, d’un coup se lève, puis vous répond en marchant, tournant en rond, cherchant ses mots, voire ne vous répond pas. «De cela, je ne veux pas en parler !» tranche-t-elle. Circulez, elle ne dira rien d’autre.
Anne-Claude Crémieux est ainsi, ouverte et bloquée, chaleureuse et méfiante. Sous un air extrêmement bien élevé, elle se révèle singulière. Il est vrai qu’elle l’a toujours été, un peu à part, non pas marginale mais labourant ses terres à elle. «J’allais où les autres n’allaient pas. Sur le sida, il y avait déjà beaucoup de monde.» Le Covid a tout changé. Elle, la discrète, la voilà présente un peu partout. On l’a vue et entendue. Précise, rigoureuse, souvent lâchant de mauvaises nouvelles, mais avec cette particularité qu’à la fin, elle avait un très large sourire qui détonnait. Un sourire façon hôtesse de l’air, lui demande-t-on ? «Je voulais laisser l’idée que les choses pouvaient s’améliorer. Donner un peu d’espoir», lâche-t-elle. En tout cas, elle aime cela. «Là, j’ai un livre à défendre», insiste-t-elle pour expliquer qu’on la voit encore et toujours. Et dans cet ouvrage, elle n’hésite pas à faire ses recommandations, mélange de bon sens et de simplicité. «Si un responsable commence sa