Il y a des jours où tout vous semble un peu irréel, où vous n’avez plus tellement les pieds ancrés sur terre, vous flottez au-dessus de vous-même en croisant une multitude de gens qui n’ont même plus de visage. Mais il existe des lieux, des sons et, surtout, des sourires qui vous permettent de toucher du doigt un semblant de réalité, de faire la paix avec la pesanteur et de saisir, d’un simple coup d’œil, les détails qui vous entourent. Un triptyque salutaire.
Le lieu : un appartement à l’atmosphère apaisante dans le XXe arrondissement de Paris. Le Tout-Monde «glissantien» s’y exprime allègrement : masques sénégalais ou ivoiriens accrochés aux murs ; un splendide n’goni – guitare traditionnelle malienne «dont on voit l’âme» – trônant sur un meuble ; instruments de musique ouzbeks ; objets cultuels birmans, etc. Le son : le chant des oiseaux entrecoupé du bruit du silence en featuring avec des mélodies qui se jouent dans un coin de notre tête. Le sourire, franc et jovial, est celui de celle qui a composé ces mélodies entêtantes pour son septième album, Shamanes, paru en mars dernier : Anne Paceo, compositrice et batteuse de jazz. Ou plutôt «batteuse, tout court», corrige la native de Niort (Deux-Sèvres). Elle précise : «Le jazz est un bagage qui m’a donné des outils pour explorer différents styles mais aussi d’autres disciplines comme la danse, le