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Libération
Le portrait

Ariane Lavrilleux, le sacré des sources

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La journaliste d’investigation, placée en garde à vue après une enquête sur des crimes d’Etat en Egypte permis par la France, se révèle une énergique défenseuse du secret des sources.
Ariane Lavrilleux à Paris, le 28 septembre. (Marie Rouge/Libération)
publié le 29 septembre 2023 à 18h50

Dans une cellule des sous-sols de l’hôtel de police de Marseille – les «geôles» comme les appellent, sans rire, les flics locaux –, Ariane Lavrilleux gratte quelques mots au mur à l’aide du zippeur de sa polaire. Histoire d’oublier le froid et les maux de ventre. «Il y avait quelques tags, je me suis dit : il faut que je laisse une trace. Et puis, c’est chiant une garde à vue, ça fera de la lecture pour les prochains.» Une phrase d’Andrée Viollis, intrépide pionnière du grand reportage dans l’entre-deux-guerres, concurrente d’Albert Londres, tombée dans l’oubli. «Si servir la vérité, c’est desservir la France, j’accepte volontiers le blâme.» La citation est issue d’Indochine S.O.S, livre-témoignage sur les horreurs du colonialisme français.

Elle paraît tout aussi appropriée pour le scandale d’Etat qui a mené la journaliste de 36 ans dans cette cellule. Ariane Lavrilleux fait partie des enquêteurs à l’origine des révélations d’une centaine de documents classifiés «confidentiel-défense» qui racontent l’arrière-cuisine plus que douteuse de la coopération antiterroriste entre la France et l’Egypte. Et notamment l’opé