On peut travailler 35 ans côte à côte et ignorer quelques détails importants sur son collègue préféré. A l’heure du rendez-vous donné par Libé dans une brasserie napoléonienne du XVIe arrondissement de Paris (qu’est-ce qui nous a pris ?), Arielle Boulin-Prat opte pour une bouteille de Perrier Fines Bulles à partager pendant la discussion. Grave erreur : Bertrand Renard préfère son eau plate. Ce sera leur seul point de désaccord de toute la rencontre. Après plusieurs décennies de Des chiffres et des lettres, la complicité du duo, qui incarnait, à l’antenne, elle, les lettres, lui, les chiffres, n’est pas usurpée : chacun finit les phrases de l’autre, chacun connaît les dates de la carrière de l’autre, et une même élégance vestimentaire les rassemble, robe et boucles d’oreilles d’un côté, veste marine et pantalon crème de l’autre. C’est toujours main dans la main qu’ils affrontent maintenant une même infortune : avant l’été, France Télévisions, leur employeur, depuis 1975 pour lui, 1986 pour elle, a décidé de reléguer l’émission quotidienne à la case du week-end, soit deux émissions hebdomadaires au lieu de cinq, semble-t-il sans plus de concertation, surtout sur l’épineuse question du salaire. Les deux animateurs, payés 240 euros brut par émission, n’entendaient pas perdre 60 % de leurs revenus sans protester.
Renard et Bo