Peut-on parcourir le monde 250 jours par an, changer de fuseau horaire comme de chemise et être étanche au fracas d’une planète qui craquelle sous toutes ses coutures ? Il suffit peut-être d’appartenir à l’élite du tennis mondial ; quelques centaines de joueurs professionnels qui voyagent quinze à vingt semaines par an, avec une souveraine indifférence au décor alentour. «Nous passons sans arrêt d’un pays à l’autre. On ne vit pas dans les aéroports mais presque. Je suis l’actualité de loin. La guerre en Ukraine ? On n’en parle jamais avec les Russes sur les tournois. On s’interroge plutôt sur leur présence aux JO de Paris», déballe sans ambages Arthur Fils. La nouvelle sensation du tennis français, 20 ans dans un mois, se prépare pour Roland-Garros, après une élimination précoce à Rome.
En ce dimanche d’été austral au tournoi de Santiago (Chili), il sacrifie au media day imposé par l’ATP, l’organisme qui régit le circuit, au complexe sportif San Carlos d’Apoquindo, dans un barrio rupin à l’est de la ville, à quelques encablures de la cordillère des Andes et des ciels orangés des fins d’après-midi fantômes. Interview minutée et shooting photo à l’espace strictement imparti, façon salle d’attente de gare désaffectée. Le natif de Courcouronnes (Essonne) n’est pas là pour découvrir les fastes de la capitale chilienne, ni pour perdre son temps avec des scribouillards, il a un busin