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Libération
Le portrait

Bastien Bouillon, bon homme

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L’anti-héros juvénile et incertain qui sort de la nasse des seconds rôles tente de redessiner à l’écran et en dehors les contours de la masculinité.
Bastien Bouillon à Paris, le 29 avril 2024. (Martin Colombet/Libération)
publié le 6 mai 2024 à 17h16

Bastien Bouillon a un côté Pinocchio. C’est un grand échalas aux jambes interminables, au buste large et aux épaules carrées, avec un nez bien droit planté au milieu d’une petite tête. Quand l’acteur nous confie sa taille, 1,80 m basique, on n’y croit pas. «Je suis une illusion d’optique», ricane le quasi-quadra qui vient d’enfiler le premier rôle d’Un homme en fuite, en salles ce mercredi. Dans la scène d’ouverture, sa dégaine de nageur intello déambule en silence dans les rues sinistrées de sa ville natale, sur les traces d’un ami en cavale sur fond de conflit social. On ne peut s’empêcher de penser que cet anti-héros qu’il incarne lui ressemble, avec ce quelque chose de l’éternel second rôle même quand il a le premier, une présence pudique, qui ne sait pas trop, quand on lui offre la tête de l’affiche – un césar du meilleur espoir l’an dernier, ou la reconnaissance littéraire pour l’écrivain qu’il interprète ici –, s’il doit la prendre ou la refuser. Ce serait ça, un homme de cinéma déconstruit ?

Depuis la Nuit du 12, polar féministe dans lequel il jouait un flic confronté à la violence diffuse du patriarcat, la vie de cet