Ils nous ont plu, fait fantasmer, voire carrément excité. Libération a décidé de passer à l’acte, et de coucher sur papier une aventure d’une nuit, ou plus si affinités, avec ces personnages imaginaires.
Séverine, car tel est le prénom civilisé de Belle de jour, est l’épouse d’un chef de clinique tendre et avenant. Elle skie l’hiver à Megève et fréquente les courts de tennis du Racing au printemps. Elle porte des tailleurs Saint Laurent et se promène en calèche au bois de Boulogne, faisant tintinnabuler les clochettes de l’attelage, tandis que claque haut le fouet du cocher. Elle appartient à cette rêveuse bourgeoisie du siècle dernier qui réfrène ses envies et dérobe ses fantasmes, qui noue haut son chignon blond en hitchcockienne au lieu de le laisser s’évaser sur la nuque à l’italienne.
Belle de jour n’a rien d’une horizontale économiquement faible, d’une asservie tenue de satisfaire les goûts de luxe d’un souteneur âpre au gain, ni d’une aristocrate qui devrait faire tapis de ses appâts pour renflouer la maisonnée ruinée. Elle n’est pas dans le besoin, ni dans la compensation pécuniaire de manques psychologiques ou de traumas explicatifs. L’argent n’est pas son sujet quand le plaisir absent est son objet. Il lui faut comprendre pourquoi le sexe et le cœur aiment à se dissocier.