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Libération
Le portrait

Bernard Lavilliers, puncheur de gloire

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Le chanteur à la voix enrouée, qui sort un nouvel album et un carnet de voyage, raconte ses bourlingues et son héritage anar-coco.
Bernard Lavilliers à Paris, le 9 novembre. (Martin Colombet/Libération)
publié le 22 novembre 2023 à 14h58

Sa semelle gigote sans cesse, comme s’il battait la cadence, comme s’il était en partance, comme s’il savait les démences à mettre en branle plutôt qu’à mettre à pied. Voilà Bernard Lavilliers tel qu’en lui-même, splendide bavard océanique qui déroule sa houle d’émotions, magnifique ramenard couturé d’histoires surfilées d’or, d’argent et de sang, sympathique cabot brassant large et vraiment pas chien question générosité et faconde. Voici Bernard Lavilliers, en chair et en os, tel qu’on rêvait de le rencontrer avant qu’il ne tire le rideau, et nous aussi, le «never ending tour» finissant toujours par ranger sur l’étagère les cendres des espoirs d’éternité. Voici le Stéphanois croisé il y a des lustres à Brest lors du premier concert auquel on assistait en étudiant débutant et inflammable. Chance, l’hypermnésique a l’élégance de se souvenir de cette prestation dans un cinéma de Recouvrance, le quartier des matelots, où «les organisateurs avaient imposé un entracte pour faire tourner la buvette». D’ailleurs, à 77 ans, Lavilliers n’a besoin de prompteur pour rien et peut dérouler à l’improviste des poèmes d’Aragon, de Cendrars ou de Maïakovski sans qu’il ait besoin du moindre souffleur.

Lavilliers est un corps qui jamais ne dort et toujours semble prêt à braquer son vis-à-vis quitte à boursoufler ses biscottos. Il s’en