La première fois, ce fut comme une apparition. Dans une longue robe dorée, Bilal Hassani a surgi au Cabaret de Poussière, au Zèbre, à Belleville, petite salle de spectacle parisienne où s’égayent les rebelles, les queers, les poètes, les amoureux, les hors cases. Dans un moment suspendu, auréolé d’une lumière, qui, aurait-on juré, ne venait pas des spots habituels mais de quelque chose de plus haut, de plus profond, il était un peu tout cela, nous surprenant par son timbre, sa prestance, sa beauté folle, sa joie et sa mélancolie (cela va souvent ensemble). En décembre, on avait essuyé une larme, en seulement deux chansons.
La seconde fois, il était à la Marbrerie, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), début juin. Il célébrait la sortie de sa nouvelle mixtape, Glitter Sleaze Utopia, «l’utopie des paillettes sordides» (!) et le mois des fiertés, qui s’achève le 29 avec la Pride (la dernière ?), un concert de sa part, et des ténèbres d’incertitudes. Bilal Hassani était en petite robe noire et perruque blonde, déroulant sa dizaine de nouveaux morceaux de pop-variété queer, dont les entraînants Candy et les Amours imaginaires. Il respirait le bonheur.
Deux fois vu en quelques mois, et deux fois une impression similaire, rassurante et étonnante : la capacité de Bilal Hassani à se créer une bulle protégée. «Il est important aujourd’hui de faire appel à l’imaginaire pour survivre», dit-il, le jour où on le rencontre, dans les bureaux du XVIIe arrondissement où s