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Libération
Le portrait

Celso Athayde, favela business

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Après une enfance dans les rues boueuses des bidonvilles de Rio, l’entrepreneur social, apôtre d’un progressisme très libéral, vient installer en France sa Centrale unique des favelas.
Celso Athayde, à Paris ce 22 juin. (Roberto Frankenberg/Libération)
publié le 10 octobre 2023 à 15h24

Quand il parle de son enfance au Brésil, Celso Athayde s’avance sur sa chaise. Il retrousse ses manches, joint les mains en posant ses coudes sur les genoux. Son visage s’assombrit et sa voix se fait plus grave. Pour évoquer ses parents, deux alcooliques qui se battaient à coups de couteau, il chuchote presque. Sur leur séparation violente, lorsqu’il n’a que 6 ans et qu’il se retrouve à la rue avec son frère, quelques phrases courtes et précises suffisent, sans fioriture, presque murmurées. Il parle des vols à la tire et de la mendicité comme d’un passage obligé des favelas de Rio. Comme d’un âge de déraison où la survie lui a tout enseigné : l’envie de s’élever, de se sortir des rues boueuses du quartier qui, après l’avoir rendu orphelin, lui ont pris son frère, «assassiné» sans plus de détail. Mangé par la pauvreté.

Un sourire, et il se redresse. Des jours meilleurs s’annoncent et on le lit sur son visage. L’entrepreneur fait la météo de ses mots en un regard, une expression. Une ride au coin de l’œil et c’est une blague potache. Un front qui se plisse et c’est comme un orage. Il ne s’embarrasse pas de dates, et les âges importent peu, pas besoin de préciser qu’il a 60 ans. Il sait qu’il était ado quand l’horizon s’est éclairci. Loin de Baixada Fluminense, sa première favela, celle où il est né un