Il y a chez Christine Orban une gravité que son existence avantagée et son apparence avantageuse ne laissent pas soupçonner. Il y a chez l’écrivaine qui a publié plus de 25 romans, une sourde mélancolie que masquent parfaitement l’allure élancée, la peau déjà bronzée et l’élégance des lieux où elle reçoit. Seul le ton parfois lancinant, sinon languide, pervertit à demi le classicisme de son propos et ses bonheurs d’expression. Cela sonne comme le regret d’une indolence abandonnée sur le dossier d’une chaise en fer forgé, telle une étoffe tissée de peaux mortes.
Souvent, dans ses romans, Christine Orban prend la voix de femmes célèbres aux destins contrariés et aux amours sacrifiés. Elle se glisse dans leur passé et réécrit leurs tourments comme s’ils étaient siens. Elle vient de réaliser que nombre des héroïnes qu’elle a fait revenir au jour, telle Jacqueline Pascal, la sœur de Blaise, Marie-Antoinette ou Lady Di sont mortes autour de 37 ans, comme sa jeune sœur. Cette dernière n’avait pas quitté le Maroc de leur enfance. Femme au foyer, elle «faisait le loukoum au bord des piscines», égratigne gentiment l’aînée qui a échappé à ce destin très partagé dans son entourage. Elle venait de divorcer d’avec un homme d’affaires. Elle était enceinte de son nouveau compagnon. Elle n’a pas survécu à une rupture d’anévrisme. Et Christine Orban d’avouer : «Elle me manque tous les jours.»
A Casablanca, le père est assureur maritime. La famille est aisée. La belle vie se déroul