On l’avait laissée en 2013 dans les couloirs d’une grande radio nationale. A l’époque stagiaire au service web, Clémence Michallon rêvait déjà d’Amérique. A voix haute. Si haute que son manager de l’époque l’imaginait ouvrir l’antenne américaine de Konbini avec l’auteur de ces lignes. Le déménagement transatlantique a bien eu lieu, mais sans Konbini, sans collègue et sans chef. On la retrouve finalement près de dix ans plus tard, de passage à Paris. Elle est en plein jet-lag. Il faut se réacclimater en douceur : rendez-vous est donné à l’hôtel la Louisiane par un temps digne des plus beaux étés indiens. «Si c’est pas l’Amérique, ça y ressemble bien», fredonnait au milieu des années 2000 un chanteur qu’elle adore. Mais la jeune femme a changé : ce n’est plus à une apprentie journaliste que l’on parle mais à une autrice confirmée qui publie son deuxième roman, Une locataire si discrète. La fonction est autre. L’intonation aussi : après une décennie passée à New York, elle laisse désormais poindre un léger accent à la fin de ses phrases.
Navette Columbia. Clémence Michallon a pourtant grandi loin des rives de l’Hudson. D’abord Gonesse dans le Val-d’Oise, puis Neuilly dans les Hauts-de-Seine, et le très chic VIIIe arrondissement de Paris. Son père est avocat fiscaliste et sa mère s’occupe du foyer. La petite fille est vite portée sur la lecture. Sa mère s’en aperçoit en nettoyant la cage du cochon d’Inde familial. Elle a 6 ou 7 ans et lit à voix haute le titr