Elle est arrivée en retard, en trombe, presque en panique. «C’est toute ma vie, ça», lance-t-elle d’emblée en forme d’excuse. Elle a choisi le Café del Nuncio, un havre du Madrid des Austrias, à l’abri des hordes de touristes. Alors elle peut respirer, s’asseoir dans un moelleux fauteuil d’alcôve, se sentir comme lovée dans un nid, un refuge, un lieu sûr dénué de ces menaces qui l’oppressent depuis toute petite. Depuis qu’elle a subi une «invasion» : on y reviendra. Là, tout de suite, elle sort d’un plateau de télévision, elle dit en avoir écumé 26 en un mois. Comme son taxi n’arrivait pas, elle a dû prendre le métro. Et donc être reconnue, dévisagée. Souvent par des femmes reconnaissantes. «Elles me voient comme leur porte-voix, leur caisse de résonance, leur messagère de confiance.» Parfois par des rictus haineux, ceux de certains hommes : «Qui voudraient bien me voir dans l’autre monde.»
Les médias s’arrachent Cristina Fallarás ces jours-ci. Cette femme de 56 ans est celle par qui le scandale est arrivé. La tour de vigie contre ces hommes qui harcèlent, abusent, violent et que des milliers d’Espagnoles ont dénoncés, dénoncent, souhaiteraient dénoncer «sans souvent, dit-elle, oser passer à l’acte». Talisman pour celles-ci, si nombreuses. Diablesse à envoyer au bûcher pour ces autres, si cachés. Elle vient de sortir un livre-témoignage, un brûlot éditorial, No publiques mi nombre. «Ne publie pas mon nom», cette même phrase qu’