«Pourquoi je fais du ski ?» Campé sur son canapé, Cyprien Sarrazin se pose la question qu’il s’est ressassée des dizaines de fois. Des centaines, même, voire plus, tant la colle virait à l’énigme obsédante. Coudes fixés sur les cuisses, regard bas, tête statique, il dit qu’il lui a pourtant bien fallu la résoudre, sans quoi l’homme n’aurait jamais pu réaliser l’un des plus retentissants exploits qu’a connu le sport français ces dernières années : dévaler la Streif plus vite que les autres, deux fois de suite. La Streif : une paroi blanche vertigineuse, implacable. Impitoyable pour l’aguerri coupable de l’infime faute de carre ou du dixième de seconde d’inattention. De là-haut, des cimes imposantes où se découvre Kitzbühel, village niché dans le Tyrol autrichien, le descendeur plonge dans un enfer glacé : un peu plus de trois kilomètres, 865 mètres de dénivelé. Certaines pentes s’inclinent à 85 %. Certains sauts outrepassent les 70 mètres. Et dans certaines rampes, les skieurs flirtent avec des vitesses proscrites sur les routes françaises, à plus de 140 km/h.
Des esthètes du genre aiment dire que le prestige d’un succès acquis là-bas surpasse celui d’un titre olympique ou mondial. Les 19 et 20 janvier, Cyprien Sarrazin en a donc compilé deux. Comme seul Luc Alphand l’avait fait avant lui au pays. Dont un second