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Le portrait

Danaï et Yesmine Gemet, sœurs colère

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Violences sexuellesdossier
Depuis la prise de parole de leur père, victime d’un prêtre qui a sévi massivement en Rhône-Alpes, ses filles s’engagent contre la pédocriminalité.
Yesmine et Danaï Gemet, à Lyon, le 26 mai 2024. (Juliette Treillet/Libération)
par Maïté Darnault, correspondante à Lyon
publié le 11 juillet 2024 à 15h00

Elles en ont, les sœurs Gemet. De l’audace, de la pugnacité. Et une immense colère qui déferle, puissante, depuis l’été 2021. Danaï et Yesmine sont les filles de Luc Gemet, l’une des victimes du prêtre Louis Ribes, accusé de pédocriminalité. Depuis trois ans, elles s’agrippent pour que le temps ne dilue pas la «triple peine» de celles et ceux dont le prélat a broyé la vie : «Ne pas oser parler, ne pas avoir su se protéger et ne pas avoir su protéger les autres enfants», résume Danaï. Elle est parfois abrupte quand sa cadette est plus ronde. Mais leur sororité fascine, se dressant impudente face à la componction de l’Eglise. Athées, les sœurs Gemet ont été élevées avec un «mental de guerrières» par leur mère musulmane, issue d’une «lignée de femmes fortes» de la bourgeoisie algérienne anticolonialiste.

En conférence de presse, leur présence aux côtés de représentants catholiques a le pouvoir de raréfier l’oxygène disponible, de rendre obscènes les «voix mielleuses» du clergé, grimace Danaï. A peine osent-ils adresser leurs «prières», empathie à peu de frais, aux ex-enfants brisés. En off, une insinuation tente le discrédit : «Ça s’est bien passé avec les Gemet ? Elles peuvent être…» nous suggère-t-on. Quo

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