Le phénomène inattendu est posé derrière une grande table. Les manches de sa chemise sont retroussées. Les tasses de café empilées. Daoud Baraka, 71 ans, qui habite en Algérie depuis toujours, est de passage à Paris où il enchaîne les entretiens à la pelle (presse, curieux et connaissances lointaines). Ses journées sont longues comme un jour d’été. Une folie qui tombe à pic : Daoud Baraka aime «rencontrer les gens» et raconter des histoires. Le conteur a son style. A chaque fois, il installe un suspense. «Je peux vous confier une anecdote si vous me le permettez» ; «Je vais vous dire la vérité» ; «Je vais vous étonner monsieur.» ; «Je vais vous faire une confidence.»
A l’extérieur de la brasserie parisienne, des Algériens, nés ici ou là-bas, font les cent pas au coin de la rue en attendant un moment avec «Tonton Daoud» (son surnom officiel). Il enfile sa veste de costume grise entre chaque rendez-vous pour les rejoindre. Des mots, des rires et des poses. Daoud Baraka a la même trombine sur toutes les photos : un sourire et un regard malicieux. «J’ai toujours eu de l’amour pour les gens. Ma vie a changé, mais je vous donne ma parole que je n’ai pas changé.» C’est la deuxième fois qu’il pose les pieds en France. Il était venu une semaine au siècle dernier pour passer des examens médicaux.
Le destin de Daoud Baraka basc