La réponse est arrivée au milieu de l’entretien. La question ? Face à un événement aussi dramatique et violent que l’attentat du 7 janvier 2015 dans les locaux de Charlie Hebdo, suivi dans les heures et jours d’après par l’assassinat d’une policière municipale et par la prise d’otages meurtrière de l’Hyper Cacher, un président de la République – François Hollande l’était à l’époque – a-t-il la possibilité de se retrouver seul, ne serait-ce que cinq minutes, pour se laisser déborder par l’émotion ? Pourquoi pas, laisser monter les larmes ? Laisser filtrer sa tristesse ? Exploser son dégoût et sa colère ? Ou tout simplement prendre le temps de regarder par la fenêtre et de laisser ses pensées vagabonder ? Un souvenir avec Cabu, ce dessin cochon de Wolinski, ce livre revigorant d’Oncle Bernard…
Pour avoir une petite chance de mettre un orteil dans la porte de cette intimité présidentielle, suggestion avait été faite à François Hollande de choisir un autre lieu de rendez-vous que son bureau de la rue de Rivoli. Ce sera au Cadran, une brasserie du boulevard Voltaire dans le XIe arrondissement de Paris, un matin de décembre pluvieux. Un temps à rester chez soi. Un café, pas de croissant. La salle est clairsemée. Un